mercredi 20 décembre 2017

L' actualité - Informations politique, monde

Notre blogueur Art de vivre y va de ses critiques tantôt enthousiastes tantôt mitigées des beaux livres de voyages parus récemment.

Le temps des Fêtes est la meilleure période de l’année pour se procurer (ou offrir) de beaux livres de voyage : les titres abondent, littéralement. En voici sept, récemment parus.

Où partir quand?

Il est fort bien fait et agréablement illustré, ce lourd bouquin qu’on se plaît à déposer sur ses genoux pour rêver d’ailleurs en tournant les pages. Toutes les destinations qu’on y présente sont classées selon le ou les mois les plus intéressants pour investir une contrée. Pourquoi l’Iran en juin? Pour explorer le pays avant les grosses chaleurs. Mais les mois de septembre à octobre, moins chauds et moins chers, ne sont pas à écarter pour autant. Le Svalbard en juillet? Pour les ours polaires et la luminosité intense. Budapest en janvier? Eh oui, pour les bains thermaux. Et ainsi de suite, de pays en région, de parc national en ville. Chaque mois s’entame par quatre pages d’infographies annonçant ce qu’on aborde, par thématique et par durée de séjour suggérée dans les circonstances, mais aussi par intérêt (famille, aventure, culture, budget…). En tout, l’ouvrage de plus de 300 pages regroupe 360 idées de voyages en tous genres, partout sur le globe. Une belle façon de terminer l'année... et de planifier la prochaine. Où partir quand?, Collectif, Éditions Lonely Planet, Paris, 2017, 304 p., 46 $

Parchemins d’ailleurs

Pas de textes, ou si peu. Surtout de courtes légendes, mais des photos… à profusion. Des photos qui parlent fort, essentiellement des portraits, pour la plupart saisissants. Certains sont « arrangés avec le gars des vues », certes, mais tant d’autres ont été visiblement saisis au vol. En 15 ans, Pascal Mannaerts a sillonné une cinquantaine de pays et a capté l’essentiel de dizaines de milliers d’instants, en plaçant autant que faire se peut « l’humain au centre de tout », dit-il. Le beau livre que ce jeune photographe autodidacte vient de publier forme un florilège de ses plus beaux clichés, regroupés en trois thématiques : la rencontre, l’instant et le sacré. Et c’est du vrai bonbon pour l’œil. Pour un avant-goût de ce bel éloge visuel à la diversité humaine, on peut aussi consulter le site de l’auteur ou son compte Instagram. Parchemins d’ailleurs – Carnet de voyages autour du monde, par Pascal Mannaerts, Hachette, Glénat, 2017, 208 p., 50 $

Atlas des terres indomptées

L’île de Jabuka, en Croatie, émet un champ magnétique si puissant qu’il dérègle les boussoles et autres instruments de navigation. À cheval sur le Panama et la Colombie, l’isthme marécageux du bouchon de Darién forme pour sa part un obstacle difficilement franchissable. Et au large de la Somalie, l’île yéménite de Socotra a servi de base aux pirates pendant un millénaire, ce qui était encore le cas, il n’y a pas si longtemps. Tous ces lieux, et une quarantaine d’autres, sont abordés dans Atlas des terres indomptées – À la découverte d’un monde sauvage, un fort intéressant bouquin qui recense une foule de lieux, souvent hostiles, parfois accueillants, où l’être humain a peu ou prou d’emprise. Chaque site, chaque histoire fascinante est accompagnée d’une carte topographique et parfois d’images plus intrigantes que percutantes, surtout pour un livre des Éditions de La Martinière. Pour amateurs de curiosités et de parcours anecdotiques. Atlas des terres indomptées – À la découverte d’un monde sauvage, par Chris Fitch, Éditions de La Martinière, 2017, 58 $

Sites mythiques

Abou-Simbel, Stonehenge, Carthage, mais aussi l’île de Pâques, Pétra, Persépolis, Angkor Vat, la Grande muraille de Chine… Autant de noms qui résonnent fort dans l’imaginaire collectif et qui brillent sur la planète archéologique. Les éditions GEO ont sélectionné 36 de ces sites parmi les plus connus – en en incluant d’autres, moins notoires, comme les pyramides de Méroé, au Soudan, ou le Tumulus du Grand Serpent, en Ohio – pour former un survol de lieux souvent empreints de mystère. Si leurs fiches sont bien documentées, ces sites ne sont pas tous décrits avec « des textes fourmillant de détails et d’anecdotes », contrairement à ce qu’on laisse entendre sur la quatrième de couverture. En outre, même si cet ouvrage porte la griffe GEO – d’ordinaire synonyme de haute qualité photographique –, les images ne sont pas toutes d’une grande netteté, certaines sont délavées, d’autres comportent des ombres bouchées… Le tout forme un bon recueil de sites emblématiques de l’histoire archéologique du monde, mais qui sent un peu le réchauffé et qui ne fait pas pousser des « Oh! » et des « Ah! » à chaque page. Sites mythiques – Des pyramides de Gizeh à Machu Picchu, Martin Howard, GEO/Prisma Media, 2017, 192 p. 54,95$

ICE

On le sait, les déserts ne sont pas que de sable, et pas tous situés sous de chaudes latitudes. Dans ICE, un splendide recueil glaciologique grand format, le maître photographe Philippe Bourseiller s’emploie à nous le démontrer d’une multitude de manières toutes plus éblouissantes les unes que les autres. Ponctué de témoignages d’aventuriers, de glacionautes et d’autres habitués de la chose froide – dont l’explorateur Jean-Louis Étienne, l’écoguerrier Paul Watson et le commandant québécois Alain Gariépy –, ce beau livre est une véritable ode aux mondes polaires, aux déserts glacés, aux sommets empanachés de poudre blanche. Il permet aussi de partir à la rencontre de chasseurs de baleines inuits d’Alaska, de zieuter des glaciers andins colossaux et des icebergs texturés, de plonger dans des grottes irréelles façonnées par l’eau de fonte, d’admirer les immenses fractures sur le lac Baïkal gélifié, de se demander ce que font là ces bulles de méthane emprisonnées dans la glace vive d’un lac albertain. En un mot comme en cent, ce remarquable condensé de « ice-porn » élève la glace, le froid et le givre – mais aussi les dramatiques lumières polaires – au rang d’œuvres d’art. ICE, par Philippe Bourseiller, Éditions de La Martinière, 2017, 296 p., 70 $

Tous les secrets de La Licorne

Librement inspiré de la flotte de la « Royale », la marine de Louis XV, le trois-mâts créé par Hergé pour Le secret de La Licorne forme un convainquant vaisseau du 17e s. Même si le célèbre auteur n’était pas féru de navigation, il a effectué – comme il le faisait toujours – d’intenses recherches pour s’assurer que le rendu de ses planches soit le plus réaliste possible. « Une fois de plus, Hergé a su dessiner juste, dessiner vrai, pour mieux crédibiliser son récit », dit-on dans Tous les secrets de La Licorne. Dans cet ouvrage récemment paru, les auteurs ont remonté le cours de toutes les sources qui ont inspiré le célébrissime père de Tintin pour créer la onzième aventure le mettant en vedette, des navires historiques jusqu’au roman de Stevenson, L’île au trésor. Un chapitre entier est aussi consacré au truculent capitaine Haddock et à son fougueux ancêtre, le chevalier François de Hadoque, alors qu'un autre s’attarde au dernier combat à bord de La Licorne, en 1698, ou à la découverte du trésor de Rackham le Rouge, dans l’album éponyme. Le tout regorge de splendides illustrations de toutes sortes (cases des bédés originales, crayonnés, artefacts, photos d’époque, etc.) et est richement documenté. Un chouette cadeau pour les mordus de navigation et d’histoire, et surtout pour les tintinophiles avertis. Tous les secrets de La Licorne, Y. Horeau, J. Hiron et D. Marico, Gallimard/Éditions Moulinsart, 2017, 180 p. 64,95$

Mondes indiens

« J’aime photographier vos mains, les menottes offertes des bébés endormis, les mains remplies de bagues des notables, les mains des danseuses de pierre figées vivantes dans les temples, les mains dans la main des potes et des futurs amants… » Ainsi débute l’un des chapitres de Mondes indiens, beau livre aussi sensuel à l’écrit qu’en matière visuelle, et qui porte sur le foisonnant sous-continent indien. Graphiquement superbe, esthétiquement rentre-dedans, nimbé de flous artistiques, il juxtapose clichés vivants et tournoyants à des lettres fictives écrites à des personnes que l’auteure a croisées lors de ses 25 ans de voyages en Inde et tout autour : Bangladesh, Bhoutan, Népal, Tibet, Pakistan… « Mother India, tu absorbes et tu débordes, on ne sait pas où vraiment tu t’arrêtes », raconte l’auteure. À défaut de savoir où le pays se termine, on peut déjà commencer par se procurer cet ouvrage pour se donner l’envie d’y entamer un périple… Mondes indiens, par Véronique Durruty, Éditions de La Martinière, 2017, 240 p. 69,95$

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L' actualité - Informations politique, monde

Les experts prédisent que les chefs d’entreprise n’ont plus beaucoup de temps pour réaliser les investissements numériques nécessaires afin d’éviter de prendre du retard ou, pire, de disparaître.

Kinark Child and Family Services, un des plus importants organismes de services à l’enfance et à la famille de l’Ontario, ne correspond pas à l’image type que l’on se fait du pionnier de la technologie. L’organisation vient en aide à plus de 10 000 enfants chaque année, dans 41 établissements de la province. Sa vaste expertise couvre des domaines tels que la santé mentale, la justice pour les jeunes et le trouble du spectre de l’autisme. Kinark, qui souhaitait évoluer pour répondre aux besoins croissants de sa clientèle, s’est trouvée confrontée à une technologie obsolète : des systèmes informatiques incompatibles, des dossiers papier, des procédés exigeant une forte main-d’œuvre… Les techniciens de services à l’enfance, par exemple, devaient accéder à la fois à des systèmes manuels et électroniques pour enregistrer un enfant avant de pouvoir lui prodiguer des services essentiels. « Nous avions un bric-à-brac d’infrastructures qui nous empêchaient d’aller de l’avant en tant qu’organisation. Il était temps de nous livrer à une introspection, de faire le point sur nos besoins technologiques et de développer une vision claire pour l’avenir », explique Karim Ramji, chef du service informatique de Kinark. Kinark n’est pas la seule organisation canadienne à se rendre compte de la nécessité de passer au numérique. Petites et grandes entreprises cherchent à se connecter pour rester concurrentielles dans un monde où la technologie transforme rapidement les façons de faire. Et le temps presse! Un récent sondage réalisé par PwC révèle que 62 % des dirigeants s’attendent à ce que leurs activités soient perturbées par les nouveautés numériques dans les cinq prochaines années. De son côté, la firme-conseil en innovation, Innosight, prédit qu’au rythme auquel les technologies numériques bouleversent le marché, environ la moitié des entreprises du S&P 500 seront remplacées au cours des 10 prochaines années. Mais qu’est-ce que la transformation numérique (aussi appelée virage numérique) et pourquoi les chefs d’entreprises doivent-ils y prêter attention? « La transformation numérique ne consiste pas à automatiser les processus actuels, mais plutôt à exploiter tout le potentiel de la technologie pour créer de nouvelles façons de faire », explique Benoit Simard, vice-président, TELUS Solutions d’affaires Est du Canada – Marketing, stratégie et planification. D’un point de vue plus technique, il s’agit de l’adoption de technologies avancées de troisième plateforme – telles que les services mobiles et infonuagiques (cloud), les mégas données, les réseaux sociaux, les outils de collaboration et l’Internet des objets (IdO) – qui nous poussent à repenser les processus opérationnels ou, dans certains cas, à reconsidérer les modèles commerciaux ce qui a pour effet de bouleverser l’industrie. Les avantages de la transformation numérique sont nombreux : efficacité accrue, meilleur service à la clientèle, coûts optimisés, cybersécurité perfectionnée et innovation accélérée. Selon IDC Canada, les premières sociétés converties ont signalé que les investissements consacrés en priorité au virage numérique ont permis d’augmenter la rentabilité de 40 % par rapport aux investissements informatiques traditionnels. La nécessité d’un changement radical devient de plus en plus imminente. Une récente étude de TELUS a révélé que 75 % des entreprises canadiennes sont en cours de transformation numérique, soit au stade de l’exploration ou à l’étape du développement. IDC Canada a également constaté que parmi les sociétés prenant le virage numérique, des plans budgétaires ont été mis en place pour augmenter les dépenses consacrées aux technologies numériques de la prochaine génération, les faisant passer de 30 % en 2016 à 42 % d’ici 2019. Pour les entreprises d’aujourd’hui qui font face à l’évolution effrénée du progrès technologique, demeurer à la fine pointe de l’innovation peut sembler intimidant. À cet effet, Benoit Simard rappelle que la transformation numérique ne s’arrêtera jamais. Aux dirigeants qui cherchent à enclencher une transformation numérique au sein de leur propre organisation, il recommande cinq étapes clés : 1. Créer une vision numérique Demandez-vous : « Quelle est ma vision pour l’avenir de mon entreprise? » Il ne s’agit pas nécessairement d’un plan directeur détaillé, mais plutôt d’une feuille de route sur la manière dont la technologie peut aider votre organisation à travailler plus efficacement. 2. Commencer petit Entamez la transformation de votre entreprise avec un projet pilote modeste qui éprouvera votre plan tout en minimisant les risques. Engagez des équipes interfonctionnelles pour identifier un projet qui entraînera des changements significatifs, puis testez-le à répétition et développez-le. 3. Cultiver le soutien interne N’imposez pas de stratégie; obtenez plutôt l’appui du personnel. Trouvez des champions de projet au sein de l’organisation qui peuvent non seulement vendre le concept aux membres de votre CA, mais également encourager l’adoption des mesures à venir auprès de vos employés. Écoutez les idées et expliquez ce qu’est la transformation numérique dans un langage non technique, en mettant l’accent sur les avantages commerciaux tangibles. 4. Encourager la collaboration entre équipes Favorisez les échanges entre vos experts en TI et les employés d’autres unités d’affaires afin qu’ils puissent discuter, formellement ou non, d’éventuelles améliorations à apporter à la façon dont le travail est effectué. « En somme, voyez votre entreprise non pas comme des agencements d’unités fonctionnelles, mais plutôt comme un pôle d’innovation. Regroupez des personnes de différentes expertises, vous ferez émerger de nouvelles idées », explique Benoit Simard. 5. Établir des partenariats judicieux Associez-vous à des partenaires possédant des compétences approfondies et pouvant vous fournir des solutions numériques évolutives et prêtes à l’utilisation. Recherchez des services intégrés tels que l’Espace d’affaires intelligent de TELUS – une plateforme de technologie à la demande basée sur le nuage qui offre une suite d’outils de collaboration et de réseautage. Vous pourrez ainsi externaliser les risques de déploiement et étendre les mesures vers des opérations à l’échelle de l’entreprise au fur et à mesure que votre projet pilote évolue. Pour Kinark, la transformation numérique a débuté par une série de projets implantés par TELUS pour relier les personnes, les processus et les données en un seul endroit, ce qui permettra de prendre plus rapidement des décisions éclairées et factuelles quant aux soins à prodiguer aux enfants. Grâce à une stratégie pluriannuelle englobant des technologies telles que l’infonuagique, la cybersécurité, la veille économique et l’IdO, Kinark s’est associée à TELUS pour se réinventer et améliorer considérablement son expérience client. L’objectif est de mettre en place des solutions infonuagiques et sans infrastructure, de garantir la certitude des coûts informatiques et d’offrir une expérience technologique sécurisée et transparente à tous les niveaux, de la planification au traitement de la paie, en passant par l’analyse des données et la gestion de la clientèle. Pour Karim Ramji, la transformation numérique est nécessaire pour assurer l’avenir de l’organisation et, surtout, des jeunes qu’elle sert. « Les enfants et les jeunes sont au centre de tout ce que nous faisons », précise-t-il. « Être un chef de file du virage numérique avec des partenaires solides contribue à stimuler l’innovation et à assurer une plus grande certitude des coûts au sein de notre organisation. Cela nous permet d’offrir de meilleurs soins à nos clients et, plus important encore, d’aider les enfants et les jeunes ayant des besoins complexes à améliorer leur qualité de vie. » Voyez à quelle étape votre entreprise se trouve sur le chemin de la transformation numérique. Faites une évaluation en ligne gratuite et recevez un rapport de référence en temps réel pour savoir où vous vous situez par rapport aux autres entreprises canadiennes. telus.com/transformationnumerique

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L' actualité - Informations politique, monde

Ou comment éviter de se faire corriger dans la section commentaires de votre plus récent partage sur Facebook. Notre nouvelle collaboratrice Camille Lopez inaugure la chronique Venons-en aux faits!

Bonne (et vraie) nouvelle! À l'heure où «FAKE NEWS» s'écrit automatiquement en majuscules et que l'expression «fausse nouvelle» est utilisée comme une insulte et non comme un argument, j'ai le plaisir d'inaugurer la chronique Venons-en aux faits! Parmi les centaines de publications qui se bousculent sur vos différents fils d'actualité sur les réseaux sociaux, certaines (voire plusieurs, en fonction du type de contenu que vous consommez) tendent des pièges bien façonnés. Il y a plusieurs moyens de ne pas tomber dans le panneau. La chronique «Venons-en aux faits» en sera un. (Pardonnez l'autopromotion.) C'est ici que vous retrouverez les démentis des plus récents canulars qui polluent l'internet, des listes des fausses nouvelles entourant un événement majeur (attentat, catastrophe naturelle...) et des analyses du phénomène. Puisque vérifier ce qu’on lit, partage, like, commente ou gazouille est un réflexe qu'il faut encourager, je publierai aussi mes démarches de vérification des faits. Pourquoi ne pas débuter avec quelques astuces utiles?

1. Arrêter de penser que le Québec est épargné (ou que le phénomène des fausses nouvelles n'affecte que les États-Unis)

L'article le plus partagé lors de la dernière campagne présidentielle américaine était une fausse nouvelle. Puis, pour la première fois, on a pu constater l’ampleur de l'influence russe sur l'élection en question, quand certaines publicités commanditées par le pays ont été dévoilées devant le Congrès américain. Quant à l'appellation «fake news», lancée (et surtout gazouillée) par Donald Trump plus fréquemment que le petit garçon criait au loup, elle est devenue le mot de l'année 2017. À vol d'oiseau, il est facile de s'imaginer une vision américano-centriste du phénomène. Mais il vaut mieux ne pas se péter les bretelles. Des médias dits alternatifs ont récemment repris la nouvelle erronée selon laquelle une mosquée de Montréal aurait conclu une entente avec le chantier de construction adjacent pour qu'aucune femme ne puisse y travailler. Il s'agit pourtant d'une rumeur issue d'une erreur journalistique. Rumeur qui  a depuis été clarifiée par plusieurs sources. Pensons aussi à l'attentat de la mosquée de Québec. Aux sites de théories du complot qui s’époumonent depuis des mois à répéter qu'il y avait en fait deux tireurs, et que l'un deux s'est exclamé «Allahu akbar» avant de tirer. Faux. Et pensons à l'arrivée massive des demandeurs d'asile haïtiens cet été, qui a donné lieu à des mobilisations contre « l'immigration illégale »,  un terme devenu slogan chez certains groupes... mais qui n'a aucune existence juridique ou légale, tant selon les avocats que les élus.

2. Sortir de sa bulle idéologique

Pour être en mesure d'évaluer rapidement si une information est légitime, il faut savoir la remettre dans son contexte. Et pour bien la remettre dans son contexte, il faut s'intéresser à tous ses angles. Bref, lire des textes nuancés et bien argumentés publiés dans toutes sortes de médias fiables. Pour se préparer aux résultats d'une élection, par exemple, mieux vaut sortir de son réseau pour se faire une idée du climat politique global. Un peu après l'élection de Donald Trump, un sondage du Washington Post nous apprenait qu'en Virginie, plus de la moitié des électeurs ne connaissaient personne qui ne partageait pas leur opinion politique. Aucun ami, aucun membre de la famille proche de l’électeur moyen ne comptait voter pour un différent candidat que lui. Pas étonnant que l'issue de l'élection ait causé la surprise (presque) générale. L'exercice est plus facile à dire qu'à faire, peut-être même un peu pénible pour certains, mais quelques publications ont pris l’initiative de proposer à leurs lecteurs des textes d'autres médias qui ont une ligne éditoriale différente. S'il y avait une sous-catégorie à ajouter à ce conseil, ce serait ceci: il vaut mieux arrêter de penser que la désinformation ne se fait que «de l'autre bord». Ce n'est pas juste la droite ou juste la gauche qui jouent avec les informations alternatives. C'est un party déprimant auquel tout le monde est (malheureusement) invité. Récemment, par exemple, une  vidéo a ému le web au complet: celle d'un «victime des changements climatiques». Du moins si l'on croit l'organisation Sea Legacy qui l'a mise en ligne. Plusieurs experts ont réagi au court clip, demandant aux médias de traiter la nouvelle avec prudence. Trop tard, l'info avait déjà fait le tour de la planète. Pourtant, selon le scientifique Steven Amstrup, de Polar Bear International, le réchauffement climatique ne serait probablement pas à blâmer pour l'état rachitique de l'animal. Bien d'autres facteurs pourraient être en cause.

3. Sur Facebook, relire le nom du média et son adresse web s-y-s-t-é-m-a-t-i-q-u-e-m-e-n-t

Oui, ça peut vous éviter de partager un texte particulièrement haineux d'un site dont l'URL ressemble à s'y méprendre à celui d'un grand média. Ça peut vous éviter de participer au concours vraiment trop beau pour être vrai d'une pseudo compagnie aérienne qui ne vous demande que vos informations bancaires et votre numéro d'assurance sociale. Mais ça peut surtout vous sauver la face et ne pas vous faire partager un article satirique du «Journal de Mourréal» par mégarde. Ça serait dommage. Voilà pour mes trois conseils. Cette rubrique se voudra aussi interactive: je vous encourage à m'écrire à toute heure de la journée, dès que vous croisez une nouvelle louche, douteuse, qui titille votre mensonge-o-mètre. Et maintenant, venons-en aux faits !

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lundi 18 décembre 2017

L' actualité - Informations politique, monde

Vous n’échapperez pas aux symptômes du lendemain de veille même en buvant des litres d’eau.

La gueule de bois, ce grand mystère de la science. Elle a beau toucher 77 % des buveurs, ce qui la provoque n’a toujours pas été élucidé. C’est pourquoi il n’existe pas à ce jour de remède efficace pour soulager les symptômes du lendemain de veille, comme le mal de tête, la fatigue et la nausée. Mais depuis quelques années, différentes théories ont émergé de la recherche pour expliquer cette pénible sensation. Dans cette vidéo, L’actualité 101 les explore, et Dr Alain Vadeboncoeur en profite pour partager ses meilleurs remèdes. Santé !

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vendredi 19 juin 2015

Changements climatiques : une lueur d’espoir ?

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Photo © Len Radin / CC BY-NC-SA 2.0
Après la conférence de Copenhague de 2009 sur le climat — qui a presque unanimement été vue comme un échec —, le moral des personnes qui se soucient du réchauffement climatique est tombé bien bas.
Blogue Economie
En effet, cet échec semblait démontrer qu’il y avait peu de chances qu’un nombre suffisant de pays se mettent d’accord sur un mécanisme de contrôle des émissions de gaz à effet de serre mis sur pied juste à temps pour empêcher un réchauffement catastrophique de la planète.
Depuis, il semble que la tendance soit à l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre à l’échelle mondiale. Tout cela alors qu’un consensus scientifique se solidifie : il faut réduire les émissions de gaz à effet de serre de 40 % à 70% d’ici 2050 pour éviter de dépasser la barre du réchauffement de deux degrés Celsius, sans quoi les conséquences risquent d’être très graves.
Embellie ?
Mais à quelques mois de la conférence de Paris, qui tentera de réussir là où Copenhague a échoué, certaines déclarations percent légèrement ces nuages à forte concentration de CO2.
Premièrement, le 1er juin dernier, les PDG de six des plus grandes compagnies pétrolières et gazières d’Europe (BG Group, BP, Eni, Royal Dutch Shell, Statoil et Total) se sont déclarés pour une taxe sur le carbone. Le 22 mai, les plus grandes sociétés pétrolières et gazières du Canada s’étaient elles aussi prononcées pour une taxe semblable en Alberta.
Deuxièmement, le 8 juin, les pays du G7 se sont prononcés pour une réduction significative des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050.
Finalement, le 17 juin, le pape François a publié une encyclique encourageant tous à lutter contre le réchauffement climatique.
Prises individuellement, chacune de ces nouvelles ne seraient pas suffisantes pour me donner de l’espoir.
Il est vrai que de grandes compagnies pétrolières d’Europe qui se prononcent pour une taxe sur le carbone s’avère un changement énorme comparé aux positions de ces mêmes sociétés il y a à peine 5 ou 10 ans. Ces dernières constatent enfin la réalité du réchauffement climatique et admettent qu’elles ne régleront pas le problème elles-mêmes sur une base purement volontaire.
Mais le fait que les compagnies américaines n’aient pas accepté de se joindre à leurs homologues européens montre qu’il y a encore beaucoup de chemin à parcourir.
Que des pays du G7 (incluant le Canada et les États-Unis) signent un communiqué admettant qu’il faut réduire de manière significative les émissions de CO2 est aussi encourageant. Mais comme le disent si bien l’économiste Jean Tirole (lauréat d’un prix Nobel) et son collègue Christian Gollier, les engagements non contraignants ne sont pas suffisants.
Le pape, de son côté, n’a évidemment aucune réelle autorité sur le problème de la pollution atmosphérique, mais sa popularité et son autorité morale pourraient avoir des répercussions.
Mis ensemble, ces trois actes pourraient néanmoins marquer un point de bascule.
Un point de bascule qui n’arriverait pas trop tôt, bien au contraire. Certains environnementalistes estiment que nous en arriverons un point de non-retour très bientôt.
Greenpeace, entre autres, affirme que si nous ne réduisons pas de 5 % les émissions annuelles de CO2 dans le monde d’ici 2020, un niveau dévastateur de réchauffement sera ensuite potentiellement impossible à arrêter.
Objectif carbone
Que la réduction nécessaire soit de 5 % par année ou de 1 à 2 % (comme l’avancent les pays du G7), il faudra que le monde utilise tous les outils mis à sa disposition. Le premier de ces outils doit certainement être une entente qui forcera la fixation d’un prix du carbone à l’échelle mondiale, que ce soit par l’entremise d’une bourse du carbone (qui existe déjà au Québec) ou d’une taxe.
Selon les plus récents chiffres, 40 pays et plus de 20 villes, provinces et régions établissent un prix sur le carbone, ce qui couvre seulement 12 % des émissions mondiales annuelles.
C’est pourquoi il est surprenant de voir Michel Kelly-Gagnon, le PDG de l’Institut économique de Montréal (IEDM), écrire cette semaine qu’une taxe sur le carbone serait essentiellement inutile. Il centre son argument sur le fait qu’une telle taxe, selon deux études différentes, ne réduirait la consommation de pétrole que de 7 % ou de 30 % à long terme.
La grande différence entre les résultats des deux études citées par Kelly-Gagnon est un bon indice de la difficulté qui se présente lorsque vient le temps d’estimer avec précision la consommation de pétrole à long terme… et, conséquemment, l’effet d’une taxe sur le carbone.
Si une telle taxe réduisait réellement les émissions de 30 % à long terme, alors qu’il faut réduire ces émissions de 40 % à 70 % pour éviter les pires conséquences du réchauffement, elle résoudrait à elle seule une grande partie du problème, non ?
Le reste pourrait potentiellement être atteint en investissant une partie des revenus de la taxe sur le carbone dans des technologies vertes.
Je suis un économiste qui ne pratique pas la religion catholique, mais j’espère qu’à la conférence de Paris, les dirigeants des différents pays du monde, mais surtout des États-Unis et de la Chine, penseront aux générations futures et écouteront davantage le pape que les Michel Kelly-Gagnon de ce monde.

Quand le titre veut se faire aussi gros que le livre

livre
À l’heure où les éditeurs s’arrachent les parts d’un marché stagnant et tentent d’attirer des lecteurs à l’attention de plus en plus déficitaire, le titre d’un roman ne peut plus se permettre d’être seulement évocateur ou poétique : il se doit d’être un outil de marketing stratégique, orienté en fonction d’une clientèle cible précisément segmentée.
Culture
L’évidence saute aux yeux quand on se penche sur ces «livres qui font du bien» (feel good books) — pochades au ton burlesque, comédies romantiques et fantaisistes où l’excentricité des personnages n’a d’égal que le rocambolesque de leurs aventures…
Leurs titres, calqués sur ceux des fables, des contes ou des guides pratiques, sont un savant mélange d’adjectifs superlatifs, d’associations incongrues, de marques de commerce et d’images à la limite du surréalisme.
Ces titres ont une autre caractéristique : leur longueur excessive, qui gruge presque tout l’espace de la couverture. Si bien que le résumé du roman, en quatrième de couverture, en devient redondant. Un minislogan publicitaire, en somme, qui ressemble à une tentative désespérée d’attirer l’attention des bouquineurs.
Remontant à La vie et les opinions de Tristram Shandy, gentleman, de Lawrence Sterne, et au Merveilleux voyage de Nils Holgersson à travers la Suède, de Selma Lagerlöf, la mode des titres allongés a été relancée en 2013 par Romain Puertolas, dont L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea a connu un succès mondial (250 000 exemplaires vendus).
Parmi les titres-marathons les plus récents, voici ceux qui sont aussi les plus essoufflants :
Comment Thomas Leclerc 10 ans 3 mois et 4 jours est devenu Tom l’Éclair et a sauvé le monde
(par Paul Vacca)
Le fabuleux voyage d’un jeune homme en combinaison spatiale dans un combi Volkswagen
(par Scarlett Thomas)
L’étrange histoire de l’ours brun abattu dans les quartiers espagnols de Naples
(par Antonio Menna)
Histoire d’Alice, qui ne pensait jamais à rien (et de tous ses maris, plus un)
(par Francis Dannemark)
Le fabuleux destin d’une vache qui ne voulait pas finir en steak haché
(par David Safier)
La petite fille qui avait avalé un nuage grand comme la tour Eiffel
(par Romain Puértolas)
La véritable histoire d’un Indien qui fit 7 000 km à vélo par amour
(par Per J. Andersson)
De l’influence du lancer de minibar sur l’engagement communautaire
(par Marc Salbert)
Quiconque exerce ce métier stupide mérite tout ce qui lui arrive
(par Christophe Donner)
Du danger de perdre patience en faisant son plein d’essence
(par Pascal Martin)
Le cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates
(par Marie-Ann Shaffer et Annie Barrow)
Étrange suicide dans une Fiat rouge à faible kilométrage
(par L.C. Tyler)
Le secret de la manufacture de chaussettes inusables
(par Annie Barrow)
Comment braquer une banque sans perdre son dentier
(par Catharina Ingelman-Sundberg)

Tef : le grain de la discorde en Afrique

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Photo : Horizons WWP/Alamy
La mode du « sans gluten » qui déferle sur l’Amérique du Nord a des répercussions jusqu’en Afrique. En cause ? Le tef, un grain éthiopien très nutritif et surtout sans gluten, qui séduit de plus en plus d’Occidentaux.
En Éthiopie, le tef sert à préparer la grande crêpe traditionnelle — l’injera —, consommée à peu près à tous les repas.
Les autorités craignent que la demande mondiale ne pousse les prix du tef à la hausse et empêche la population locale de se le procurer. Cela s’est produit en Bolivie avec le quinoa, désormais hors de prix pour les Boliviens.
Il n’est donc pas question pour l’Éthiopie de se lancer dans l’exportation du précieux grain, du moins tant que le pays peinera à fournir l’ensemble de sa population. En ce moment, seule l’exportation de produits transformés à base de tef est permise. Mama Fresh, premier exportateur de crêpes du pays, envoie chaque semaine six chargements de 3 000 injeras aux États-Unis. Des cargaisons sont aussi acheminées dans divers pays d’Europe.



À quoi vous êtes-vous accroché dans le creux de la vague ? À la vie.

Sante_et_scienceQuand Michel Pitre monte avec émotion, le 17 novembre 2011, les marches du studio de l’émission Les docteurs pour rejoindre son fauteuil, le plateau est silencieux. C’est que l’ex-médecin va bientôt nous raconter une partie de sa bouleversante histoire. Je le présente ainsi :
«Permettez-moi de vous expliquer pourquoi c’est un peu troublant, pour moi, de recevoir aujourd’hui notre prochain invité. On a fait notre cours de médecine ensemble, et je ne l’avais pas revu depuis… depuis très longtemps, en fait. Mais j’ai appris, par lui, il y a quelques mois, qu’il avait souffert d’un grave AVC en 2004. Il m’a alors raconté son histoire, toute son histoire — toute une histoire.
Une histoire de force et de courage, et d’entraide. C’est ce que ça lui a pris pour passer à travers et surtout, s’en sortir… et vivre le mieux possible. Je tiens à le remercier d’avoir accepté de venir en témoigner à l’émission. On accueille le docteur Michel Pitre.»
Bien préparé par notre recherchiste Connie Byrne, Michel est tout de même nerveux. Mais il s’en tirera fort bien, ce qui d’autant plus remarquable qu’il ne pouvait pas du tout parler, quelques années plus tôt. À l’aise devant les caméras, il raconte bien. Et tant de courage inspire tout le monde autour.
Mais il nous charme aussi par cet humour et ce rire sonore — le même qu’on reconnaissait de loin, dans les couloirs de la faculté de médecine, il y a 30 ans. Après l’entrevue, ému, je le reconduis dans sa loge.
C’est trois mois plus tôt, le 3 aout 2011, qu’il m’avait fait parvenir son histoire par courriel. De retour de vacances, je commençais alors à préparer la deuxième saison de l’émission avec l’équipe. Je lui avais répondu rapidement :
«Quel parcours… Un AVC aussi jeune… Comment est-ce arrivé ? Mais quel courage pour t’en relever… C’est incroyable. Je t’encourage fortement dans tous ces projets. Cela pourrait aider beaucoup de gens… et même toi ! (…)
Plus concrètement, que dirais-tu si on t’invitait à notre émission ? Ce témoignage, de quelqu’un connaissant comme médecin le “sujet” de l’intérieur et qui a la force de s’en relever, cela peut être inspirant. Veux-tu que je transmette ton histoire à notre équipe de recherche ?»
*
Dans mes deux récents textes, je vous ai raconté de mon mieux cette histoire étonnante, une idée qui m’était venue quand j’ai retrouvé la carte de souhaits qu’il m’avait envoyée quelques mois plus tôt.
Je dois admettre, avec un brin de jalousie, que son écriture élégante étant nettement plus lisible que la mienne. Quand on pense qu’il a dû réapprendre à écrire avec la main gauche, j’en conclus qu’il y en a qui sont bien plus doués que d’autres.
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Souhaitant avoir de ses nouvelles, je lui ai téléphoné. C’est là que j’ai constaté avec plaisir qu’il parlait sans hésitation et que sa voix était nettement plus affirmée qu’en 2011. Ce n’est pas étonnant, puisqu’il avait poursuivi sa rééducation, pour parvenir à ce niveau de langage remarquable.
Au fait, j’ignore si, avoir été placé dans la même situation, j’aurais eu la moitié de son courage. Avancer aussi loin, envers et contre tous, jusqu’à faire mentir l’opinion des médecins, cela démontre une détermination sans faille et nous en apprend beaucoup sur sa résilience.
Sa récupération physique continue aussi de progresser, 10 ans après le drame : il marche aujourd’hui sans canne, n’utilise plus son orthèse de support et vit de manière autonome. C’est aussi réjouissant d’un point de vue humain que fascinant du côté médical de constater que son cerveau avance encore après tout ce temps.
Michel Pitre avec Pierre-Yves, son kinésiologue
Michel Pitre avec Pierre-Yves, son kinésiologue.
Et ce n’est pas terminé, parce qu’il lui reste certains territoires à reconquérir. Autrefois grand lecteur, Michel éprouve aujourd’hui de la difficulté à lire pendant de longues périodes. Pour pallier ce problème, il a équipé son ordinateur d’un transcripteur, qui récite à voix haute les textes — ce qui lui permet de «lire» en écoutant, une fonction du langage apparemment mieux conservée chez lui.
L’histoire de Michel est riche de plusieurs leçons, mais la première est toute simple : il faut apprécier la santé, ce qui me rappelle au passage que son drame «peut nous arriver à tous». Je pourrais en effet être à sa place et lui, à la mienne.
Cette expérience nous enseigne aussi que malgré une volonté hors du commun, il faut l’appui des proches — dans le cas de Michel, c’était celui de son ex-conjoint, Normand, qu’il décrit maintenant comme un «frère spirituel» — pour conserver l’espoir. Il a vraiment été au coeur de sa réhabilitation. Michel a aussi puisé sa force dans ses enfants, qui ont mûri avec lui en traversant les épreuves et qui ont accepté à terme les transformations successives de leur original de père.
Michel a également eu la chance d’être appuyé par des enseignantes à la retraite, ses «anges», qui ont tout donné pour que cet inhabituel «élève» puisse reconquérir son langage. Même lui, ancien médecin aujourd’hui sans trop de revenus, n’aurait pu s’offrir autrement de tels services. Cela souligne certes la nécessité de l’entraide, mais aussi l’importance que les services de réhabilitation soient plus accessibles hors de l’hôpital.
Michel a toutefois renoncé à pratiquer la médecine, une «retraite» lourde à porter d’un métier qui le fascinait : «C’est difficile pour moi d’accepter cela. J’étais respecté par mes confrères. J’adore la médecine, c’est une passion pour moi, mais c’est terminé ; c’est du passé. Tu mets une croix là-dessus.»
Il ressent une certaine amertume envers le Collège des médecins, qui aurait mis du temps pour traiter sa demande et qui ne semble pas lui avoir offert assez de support : «C’était trop compliqué pour le Collège des médecins. Pas de considération.» Avec un pincement au cœur, je dois ajouter qu’il en veut aussi à ses anciens amis médecins, qui l’ont un peu abandonné depuis son AVC.
Je lui ai demandé où, confronté à tant de souffrance, il puisait l’énergie nécessaire pour continuer jour après jour. Il m’a offert quelques pistes, dont celle de la spiritualité, mentionnant sa croyance en Dieu. Il aborde d’ailleurs la vie de manière aussi réfléchie que philosophique et il pratique régulièrement la méditation : «Je suis bien dans l’univers. Mon corps est là — mon corps à moi, là. Ce n’est pas un rêve, c’est la réalité.» Il va même jusqu’à dire que toutes ces épreuves ont fait de lui une meilleure personne.
Michel est d’ailleurs plein de projets. Il a commencé à donner des conférences à des groupes de patients. «Je suis bon communicateur. Je raconte mon histoire.» Je suis convaincu qu’il est intéressant et, surtout, que son histoire pourra en inspirer plus d’un. Alors invitez-le : il vous convaincra au moins qu’il ne faut jamais lâcher !

Michel Pitre en conférence
Michel Pitre en conférence.
Voilà comment il résume aujourd’hui sa situation :
«Tout est possible. Tu pousses ou tu ne pousses pas. Mais pas tout seul. Il faut que des personnes y croient. Aujourd’hui, je suis fier de ce que j’ai accompli. Je parle très bien ! Je suis fort et j’avance constamment. Je suis autonome, je vis seul dans mon appartement depuis sept ans. J’ai dû réapprendre à parler, à lire et à écrire, et avec beaucoup de ténacité, de persévérance et de détermination, j’y suis parvenu.
Depuis huit ans, je m’entraîne régulièrement deux ou trois fois par semaine dans un centre, et c’est très important pour moi. Maintenant, je monte et descends les escaliers comme avant. Je circule sans canne dans l’appartement ; c’est seulement pour mes déplacements extérieurs. Je ne porte plus de prothèse depuis cinq ans.
J’ai pris cette décision moi-même. Je travaille très fort pour améliorer le rendement de mon bras droit et de ma jambe droite, et ça va très bien. Malgré l’AVC, tout fonctionne bien dans le cerveau. Je me considère chanceux. Je discute, je ris, je communique ! Je gère très bien mes choses.
J’aime aller manger plusieurs fois par semaine au restaurant (seul ou avec des amis). Je vais voir régulièrement des spectacles (Bobby Bazini, Alfa Rococo, Florence K, Ariane Moffatt, Marie-Josée Lord, André Gagnon, André Sauvé…). Je suis allé aussi visiter des musées à Montréal et à Québec. Je me suis rendu seul en autocar plusieurs fois à Québec. J’ai séjourné à l’hôtel à Québec et à Montréal. Je vais aussi au cinéma assez souvent…
Maintenant, mes priorités ont changé. La vie m’a amené à devenir meilleur. Un de mes objectifs pour l’avenir est de faire des conférences parlant de mon expérience de vie. Je suis aussi convaincu que j’écrirai (pas seul ; un écrivain ?) un livre et qu’il sera traduit en plusieurs langues.»
J’en suis à la fin de cette histoire, et je me rends compte qu’elle n’aura pas de punch final. Parce qu’elle n’est pas terminée, tout simplement. Alors que Michel a souvent songé que sa vie s’était arrêtée en décembre 2004, tout le monde s’est trompé, incluant les médecins. Alors qui sait jusqu’où il se rendra ?
Je la conclurai donc avec les réponses données par Michel Pitre en 2011 à notre recherchiste Connie Byrne, quand nous préparions l’entrevue pour l’émission. Des mots qui nous avaient convaincus de l’inviter sur le plateau :
«Si vous aviez un conseil à donner à une personne qui vit une expérience semblable à la vôtre, qu’est-ce que vous lui diriez ?
– C’est toi qui décides. Pas les médecins. Les médecins et ma famille voulaient me placer.
– S’ils vous avaient placé, vous seriez devenu quoi, aujourd’hui ?
– Mort.
– Mort dans l’âme ou vraiment mort ?
– Je serais vraiment mort.
– Vous êtes fort… Mais à quoi vous êtes-vous accroché dans le creux de la vague ?
– À la vie.»

Des livres pour mieux voyager cet été

Art_de_vivre110 pays, 6 000 idées, des heures de plaisir
Sorte de croisement entre le guide de voyage et le beau livre, le GEOBOOK 110 pays — 6 000 idées (nouvelle édition) regroupe autant d’invitations au voyage en un seul ouvrage. D’abord par l’entremise des 300 photos qu’on y trouve ; ensuite par la déclinaison d’une foule d’activités à faire et d’endroits à voir ; mais aussi avec des trucs pratiques, des conseils d’experts et des tableaux pour aider à choisir un pays selon ses centres d’intérêt. Une section sur les nouvelles envies de voyage (comme les séjours au cœur des tribus) complète le tout, sans compter le «pour» et le «contre» de chaque pays recensé — voire les précautions à prendre dans certains cas.
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L’art du voyage expliqué aux dégonflées
Elle trouvait qu’il lui restait encore quelques heures par jour (ou plutôt par nuit) de temps libre, alors Marie-Julie Gagnon s’est dit : «Tiens, pourquoi ne pas écrire un nouveau livre ?» Infatigable blogueuse-chroniqueuse-reporter-auteure voyages, cette technomade-bourlingueuse s’est donc assise avec Ariane Arpin-Delorme, une consultante, formatrice et conférencière voyages, pour pondre à quatre mains Le voyage pour les filles qui ont peur de TOUT.
Rédigé en mode léger et humoristique, l’ouvrage dévoile mille et un bons plans, tuyaux et astuces pour secouer les puces des poltronnes patentées et les convaincre que rien ne vaut la route avec un baluchon sur l’épaule. La preuve : toutes deux sont, de leur propre aveu, d’éternelles trouillardes — mais des trouillardes qui s’assument et qui vainquent leurs peurs chaque fois qu’elle mettent les bouts. Entre autres choses, les deux femmes citent les conseils de plusieurs collègues habituées aux déplacements, et elles brossent le portrait de 18 voyageuses types (de la phobique à gogo à la fauchée, en passant par la Miss cocktails des îles et la «serial shoppeuse»).
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Le voyage, c’est dans la poche
Qui a dit que les guides imprimés sur papier étaient en déclin ? Certainement pas Lonely Planet ou les éditions Ulysse, qui continuent d’alimenter les imprimeurs du globe — preuve que la demande est là, du moins dans certains créneaux. Celui des petits guides urbains pratiques, qui se glissent aisément dans une poche, en fait sans nul doute partie.
Chez Ulysse, on vient ainsi d’ajouter de nouveaux titres dans la série «Escale», avec Paris (écrit par le fils de Christian Rioux, correspondant du Devoir dans la Ville lumière), Prague, la Nouvelle-Orléans et Philadelphie. Ces ouvrages sont également offerts en format numérique.
Chez Lonely Planet, la collection «En quelques jours» permet aussi de découvrir en un clin d’œil (et en français) des villes connues, comme Istanbul, Barcelone, Berlin, Prague, Washington et Las Vegas, ou moins courues, comme Lilles et Nantes. Aussi en format numérique.
Cela dit, les deux éditeurs maintiennent la publication d’autres guides plus complets et de plus grand format, comme ceux de la collection «L’Essentiel» (chez Lonely Planet), laquelle intègre de 150 à 200 photos par guide. Elle vient de prendre encore de l’expansion, avec des guides sur la Corse, Bordeaux/Gironde/Landes, la Bretagne, le Languedoc-Roussillon et la Thaïlande. Par ailleurs, le même éditeur a récemment lancé ou réédité (en français) les guides Ouest canadien et Ontario, Argentine, Budapest, Moscou, Saint-Pétersbourg et Chypre, pour ne nommer qu’eux.
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No comprendo, no problemo
Dans un proche registre des recueils g’palémo (publiés il y a quelques années par Le Guide du Routard), les éditions TANA proposent cette année No comprendo, no problemoun petit guide qui se déplie comme une carte et qui comprend 400 pictogrammes correspondant à autant de situations associées à des besoins de base, en voyage. Ne reste plus qu’à pointer du doigt ce qu’on désire à un interlocuteur qui ne parle que le farsi ou le serbo-croate, que ce soit pour se nourrir, se loger, visiter, sortir en boîte, se délier les muscles ou magasiner. Rigolo et sûrement pratique en Chine rurale ou en Transnistrie — même si on dit no problema, et non no problemo, en espagnol.
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36 heures aux États-Unis et au Canada
Voici le genre de grosse brique qu’on se plaît à déposer sur ses genoux, le postérieur bien enfoncé dans un gros canapé, par un dimanche pluvieux. Immense recension de textes publiés dans le New York Times (sous la rubrique «36 Hours») et traduits en français par Taschen, l’ouvrage nous fait parcourir une foule de destinations à explorer le temps d’une fin de semaine. Forcément, le style est vif, concis et pratico-pratique, et il va droit au but : pas de temps à perdre, il faut aller à l’essentiel. C’est ce qu’on fait ici avec Montréal, Chicago, Denver, Winnipeg ou Santa Fe, mais aussi avec Duluth (Minnesota), l’île de Saint-Simon (Géorgie), Homer (Alsaka) ou Boise (la capitale de l’Idaho — avouez que vous ne le saviez pas).
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Bitcoins: le Sénat recommande à Ottawa une approche non interventionniste

TORONTO – Un rapport du Sénat, déposé vendredi, estime qu’Ottawa devrait se limiter à une réglementation «légère» si elle décide d’encadrer les bitcoins et les autres formes de devises numériques, pour ne pas étouffer leur croissance.
Le rapport recommande que le gouvernement fédéral préconise une approche non interventionniste, se limitant à surveiller le développement des devises numériques et à imposer une régulation seulement si cela s’avérait nécessaire.
Il est également recommandé que le gouvernement étudie en profondeur la réglementation en vigueur dans le domaine au cours des trois prochaines années.
Le Comité sénatorial permanent des banques et du commerce a publié ce rapport après avoir étudié le dossier pendant un an, notamment en réalisant des entrevues avec 55 experts et en effectuant un voyage de recherche à New York.
Le comité a ajouté que les technologies utilisées dans les transactions impliquant des devises numériques pourraient être utilisées pour protéger les Canadiens relativement au vol d’identité en ligne.
La Bitcoin Alliance of Canada, un organisme qui fait la promotion du bitcoin, a indiqué dans un communiqué qu’elle accueillait favorablement les conclusions du rapport et qu’elle demandait au gouvernement et au secteur privé de les étudier.

Justin Trudeau parie sur les réformes démocratiques

PolitiqueLe chef libéral Justin Trudeau est sorti de sa réserve en rendant public, cette semaine, un premier volet de son programme électoral. Pour son coup d’envoi, il a misé sur les thèmes de la démocratie et de la transparence.
Sous le titre «Un gouvernement juste et ouvert» (qui rappelle étrangement celui, plus ancien, qui chapeaute les politiques néo-démocrates sur le même sujet : «Gouverner au sein d’un Canada ouvert et juste»), Trudeau fait écho à des idées qui circulent depuis longtemps, reprend des promesses anciennes et s’offre plusieurs élans audacieux.
Les libéraux espèrent clairement séduire des électeurs progressistes qui cherchent avant tout un style de leadership différent de celui de Stephen Harper. Des électeurs qui, depuis quelques semaines, semblent dériver vers le NPD aux dépens du Parti libéral du Canada (PLC).
Selon les derniers sondages, la tendance se confirme. Thomas Mulcair gagne non seulement du terrain, il est au coude à coude avec les conservateurs, sinon premier. À quatre mois du scrutin, c’est lui qui a le vent dans les voiles, alors que ses adversaires piétinent ou reculent.
Mais voilà : quatre mois de campagne officieuse et officielle, c’est long, et comme l’ont démontré presque toutes les campagnes provinciales des dernières années, tout peut changer. Or, les libéraux fédéraux ont toujours dit qu’ils miseraient sur cette période d’attention renouvelée des électeurs pour dévoiler leur plateforme, ce qu’ils font. Il reste à voir si cela aura l’effet espéré.
Chose certaine, ce premier chapitre présenté mardi dernier est costaud et a déjà attiré l’attention. Pour de bonnes raisons. La démocratie est un véritable enjeu de la prochaine élection, après plus de neuf ans de règne conservateur passé sous le signe du mépris des institutions.
Un menu varié
Pour réaliser ce gouvernement plus ouvert et transparent dont il parle, Trudeau promet une série de mesures qui touchent au droit à l’accès à l’information. Il veut rendre les données accessibles par défaut et, dans cette veine, permettre aux scientifiques de parler de leurs travaux, qui seraient disponibles en ligne.
Il veut soumettre les bureaux du premier ministre et des ministres à la Loi d’accès à l’information, mais ne souffle pas mot de la Chambre ni du Sénat. Il s’engage à répondre positivement à une demande de longue date des commissaires à l’information, soit celle de se voir accorder le pouvoir d’ordonner — et non seulement de recommander — la divulgation de documents.
Pour améliorer le fonctionnement et la transparence du Parlement, il veut que le Bureau de régie interne des Communes se réunisse en public, à quelques exceptions près — ce que demande le NPD depuis longtemps —, et que le vérificateur général puisse y faire des vérifications. Il s’engage à ne pas avoir recours à la prorogation pour éviter une situation difficile, mais évite de promettre des règles pour en encadrer le recours. En revanche, il se mouille davantage au sujet des projets de loi omnibus, dont il veut réglementer l’usage.
Comme bien des chefs avant lui (dont Paul Martin), le chef libéral parle de permettre plus de votes libres en Chambre et de comités plus autonomes et moins partisans, ainsi que de fonctionnaires du Parlement plus robustes — et dont l’indépendance est respectée.
Il confirme vouloir mettre fin à la partisanerie au Sénat en promettant de nommer des sénateurs recommandés par un mécanisme indépendant. Il veut créer un processus de consultation pour le choix des juges à la Cour suprême, lesquels, précise-t-il, devraient être bilingues. Il instaurerait une période de questions où seul le premier ministre répondrait à toutes les questions, comme cela se fait une fois par semaine à Londres.
Son plan touche à la parité au sein du cabinet, au rétablissement du recensement long dès 2016, au maintien de la livraison du courrier à domicile, à l’amélioration des services publics et au renforcement des règles électorales pour encadrer la publicité gouvernementale et limiter celle des partis entre les campagnes.
Il y a aussi cette promesse d’une réforme du mode de scrutin, que les libéraux se sont bien gardés de faire quand le système actuel les avantageait. C’est, en revanche, un vieux cheval de bataille du NPD et des Verts.
Cela demeure la promesse la plus audacieuse de Justin Trudeau, car il s’engage à ce que le mode de scrutin soit modifié à temps pour les élections de 2019. Un comité multipartite serait mis sur pied en vue de consulter consulter experts et citoyens. Différentes avenues seraient explorées, dont la représentation proportionnelle, le vote obligatoire, le vote préférentiel… tout cela pour aboutir à un projet de loi qui serait présenté dans les 18 premiers mois du mandat.
Trudeau ne prévoit pas, par contre, laisser les Canadiens se prononcer par voie de référendum, contrairement à ce que plusieurs provinces ont fait. Cela veut dire que les électeurs qui veulent une réforme ne sauront pas ce qu’ils approuvent s’ils élisent les libéraux. Ils leur donneront finalement un chèque en blanc, puisque ce sera le parti au pouvoir qui aura le dernier mot.
Coup de dé ?
Depuis mardi, nombreux sont ceux qui se demandent si Justin Trudeau ne fait pas un pari risqué. Après tout, son prédécesseur, Michael Ignatieff, avait fait campagne sur le thème de la démocratie en 2011, ce qui a mené le Parti libéral au pire résultat de son histoire.
Le contexte est différent. Le fait que le Parti libéral — comme le NPD, les verts et les autres — propose des changements à nos institutions démocratiques pour les rendre plus solides est symptomatique du climat qui prévaut au Parlement depuis l’arrivée au pouvoir des conservateurs.
En 2011, bien des gens attribuaient l’attitude des conservateurs à leur position minoritaire. Sauf qu’ils sont devenus encore plus intransigeants une fois majoritaires. En quatre ans, ils ont imposé 100 bâillons. Ce fut le règne du rouleau compresseur avec, comme cerise sur le sundae, cette mesure rétroactive insérée dans le dernier projet de loi budgétaire omnibus, qui a pour effet d’effacer des infractions à la Loi d’accès à l’information qu’auraient commis des agents de la GRC en détruisant sans attendre des données du registre des armes d’épaule.
Le premier ministre Stephen Harper ne s’en est pas excusé, au contraire. Il a défendu la manœuvre, se vantant même du fait que le gouvernement a encouragé la Gendarmerie royale du Canada (GRC) à expédier la destruction des données malgré la garantie contraire donnée à la commissaire à l’information.
Ces méthodes ont érodé la confiance et alimenté le cynisme, et elles ne passent plus aussi bien. Elles peuvent faire mal aux conservateurs. Mais encore une fois, les électeurs s’en souviendront-ils après quatre mois de campagne ?

jeudi 18 juin 2015

Le vin de la semaine : un blanc pour papa

La vie est trop courte pour fréquenter l’ennui. Surtout dans son verre. Chaque semaine, Nadia Fournier vous fait découvrir les vins qui l’emballent, qui la font vibrer.
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Alphonse Mellot
La Moussière 2014, Sancerre
33480   28,90 $
Cette année, pour la fête des Pères, laissons donc de côté les clichés qui confinent papa au barbecue. Si le soleil est au rendez-vous dimanche et que votre père affectionne le vin blanc, pourquoi ne pas lui servir des asperges du Québec, accompagnées d’un verre de cet excellent vin blanc de Sancerre ?
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Bien plus qu’un simple sauvignon, La Moussière 2014 offre une expression pure, racée et on ne peut plus digeste du terroir de Sancerre. Est-ce l’effet de l’agriculture en biodynamie ? Peut-être bien, selon Alphonse Mellot, qui était de passage à Montréal il y a quelques semaines pour présenter une verticale de la cuvée emblématique du domaine. «Ces 15 dernières années en biodynamie nous ont permis de gagner en pureté et en profondeur, et d’acquérir ce côté salin qui fait saliver.»
Qu’il s’agisse du millésime 2014 ou du millésime 2000, tous les vins dégustés avaient en commun cette intensité contenue qui se veut la marque des meilleurs sancerres. Pourtant âgé de près de 15 ans, le 2000 n’accusait pas la moindre fatigue. Une autre preuve, s’il en fallait une, que les vins blancs peuvent eux aussi se bonifier avec le temps. Surtout s’ils sont soutenus par une franche acidité et s’ils sont élaborés dans les règles de l’art.
Encore tout jeune, le 2014 affiche déjà une fraîcheur et un raffinement peu communs. L’élevage sous bois n’aromatise pas, mais nourrit le vin et apporte une tenue digne de mention, sans verser dans la lourdeur. Un équilibre exemplaire et une longue finale aux accents d’agrumes et de fines herbes, sur un fond minéral qui donne envie d’un second verre.
Un vin qui n’est pas donné, certes, mais à 26 dollars*, ce blanc d’envergure a peu d’égal à Sancerre. Mon conseil : achetez-en quelques bouteilles pour la cave. Votre patience — et celle de papa — sera récompensée.


Autres temps, autres champagnes

Photo : CC 2.0
Photo : CC 2.0
Les amateurs de champagne du XIXe siècle buvaient un nectar plus sucré et moins alcoolisé qu’aujourd’hui, révèle un biochimiste qui a analysé de grands crus âgés d’environ 170 ans, retrouvés dans une épave au fond de la mer Baltique.
Philippe Jeandet, de l’Université de Reims Champagne-Ardenne, a découvert que le taux d’alcool de ce champagne s’élevait à 9,5 %, au lieu des 12 % actuels, et que ce vin était trois fois plus sucré que le demi-sec d’aujourd’hui. Il a aussi noté des concentrations plus élevées de métaux, sans doute dues aux instruments utilisés pendant la fabrication.
Un œnologue de la maison Veuve Clicquot, d’où provenaient quelques-unes des 168 bouteilles retrouvées, a été invité à goûter le précieux liquide. Il a d’abord perçu des arômes évoquant « des notes animales, le fromage et les cheveux mouillés »… Des notes plus suaves de fruits mûrs, de fleurs, d’épices et de fumée sont ensuite apparues.
L’obscurité du fond des mers, la température constante et l’absence de vibrations semblent avoir été des conditions optimales de conservation.
La maison Veuve Clicquot tente maintenant une expérience : elle a déposé 350 nouvelles bouteilles au fond de la mer Baltique et comparera tous les trois ans leur maturation à celle de bouteilles conservées en cellier.

Le chiffre : 3 500

Photo : iStock
Photo : iStock
C’est le nombre d’employés de l’Agence du revenu du Canada qui ont été piégés par un courriel de hameçonnage lors d’un test mené par la direction auprès de 16 000 de ses employés. Ce test fait partie d’une campagne visant à améliorer la protection des dossiers fiscaux des contribuables. L’an dernier, une faille informatique avait donné un accès public à ses serveurs protégés.




Russie : une réforme Barrette à la puissance 1000

Patients et personnel médical manifestent dans les rues de Moscou contre les réformes du système de santé. (Photo : Dmitry Serebryakov/AFP)
Patients et personnel médical manifestent dans les rues de Moscou contre les réformes du système de santé. (Photo : Dmitry Serebryakov/AFP)
La chute des prix du pétrole frappe la Russie de plein fouet et force le pays à mettre la hache dans les dépenses de l’État. Les compressions touchent durement le système public de santé.
28
L’an dernier, 28 cliniques et hôpitaux ont fermé leurs portes à Moscou, ce qui a envoyé au chômage près de 10 000 travailleurs de la santé. D’ici 2018, 11 % de l’ensemble des hôpitaux publics du pays seront fermés.
3,7 %
Augmentation du nombre de patients qui sont morts dans les hôpitaux des régions rurales russes de 2013 à 2014. Il manque en ce moment 55 000 médecins en Russie.
17 500
Nombre de municipalités qui ne possèdent aucune infrastructure médicale sur leur territoire.
(Source : Bloomberg Businessweek)

Construire un chalet en utilisant Google


Crédit photo : Jean-Daniel Petit
Regardez bien le chalet ci-dessus. Il n’a pas été bâti par un entrepreneur, mais par Google. Ou, du moins, par Jean-Daniel et Chanelle, deux Québécois dans la vingtaine qui ont tout appris de la construction en utilisant Google.
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Il y a cinq ans, le couple qui vit et travaille à Montréal rêvait d’avoir un chalet pour fuir la ville les fins de semaine. Leurs critères étaient stricts : l’oasis de paix devait être située à une heure et demie de route au maximum, en bordure d’un lac, et assez grande pour ne pas voir les voisins.
Avec un budget limité, le duo montréalais ne pouvait se permettre d’acheter une propriété existante. La solution : prendre un marteau et retrousser ses manches. Jean-Daniel avait déjà construit des cabanes lorsqu’il était gamin ; pourquoi pas un chalet, maintenant qu’il était grand ?
«On était juste assez fous pour se lancer dans l’aventure, et juste assez stupides pour ne pas voir les risques», raconte Jean-Daniel en riant.
Pendant des mois, ils ont visité des terrains annoncés ici et là, en vain. Trouver un emplacement à la fois accessible, peu aménagé et abordable semblait relever du miracle.
L’impossible est survenu grâce à Google Maps. Jean-Daniel y a repéré un petit lac prometteur, près de Mandeville, dans Lanaudière. Un tour sur place a confirmé ce que les pixels bleus et verts laissaient présager — le couple a acquis un terrain de plus d’un acre.
Ils ont conçu leurs plans avec Google SketchUp, lesquels ont été validés par un architecte, puis dessinés selon les normes par un technicien. Jean-Daniel et Chanelle sont peut-être un peu cinglés, mais pas au point de courir le risque que le toit leur tombe sur la tête.
Google Drive leur a permis d’établir le budget, ainsi que le calendrier de construction. Gmail a servi à l’envoi et au suivi des soumissions pour les matériaux.
Lorsque tout était fin prêt, un entrepreneur est venu creuser et couler la fondation, une des rares choses qu’ils n’ont pas faites eux-mêmes. «Si ton trait-carré est croche, ça commence mal…», explique Jean-Daniel.
Puis, la routine s’est installée. Pour chaque étape, le couple regardait des dizaines de tutoriels sur YouTube. «Après quatre ou cinq, tu finis par voir un pattern et tu te bases sur ça», dit Jean-Daniel.
À ses yeux, c’était plus fiable que d’embaucher le Joe Pickup du coin. «Un entrepreneur veut faire la job le plus vite possible, au plus petit coût possible. En ligne, j’avais accès aux meilleurs spécialistes, et je mettais tout le temps nécessaire pour que ce soit parfait.»
Avec l’aide de leurs proches — tout aussi inexpérimentés — qu’eux, ils ont installé l’isolation…
Isolation
Photo et montage : Jean-Daniel Petit
… le bardeau de cèdre…

Bardeau
Photo et montage : Jean-Daniel Petit
… les murs de bois…

Capture d'écran 2015-06-17 17.24.36
Photo et montage : Jean-Daniel Petit
… vous comprenez le principe.
Le plaisir était au rendez-vous, mais «ce n’était pas toujours un conte de fées». Certaines choses se sont remarquablement bien déroulées, dont la fabrication du comptoir de cuisine en béton.
D’autres ont tourné au cauchemar, dont la finalisation de la plomberie, qui a nécessité de défaire un mur déjà fermé. «Les planches de bois formaient un motif. On a dû les numéroter une à une en les enlevant, pour être certains de pouvoir les remettre dans le bon ordre. Cette journée-là, on avait prévu terminer la salle de bains. Deux jours plus tard, on était de retour à la case départ.»
N’empêche, la matière rentrait rapidement et la courbe d’apprentissage était exponentielle. L’installation de la première porte a nécessité huit heures. La deuxième, une heure.
Au total, 3 000 heures de travail, réparties sur deux ans, ont été nécessaires avant d’enfoncer le dernier clou. «Ça, c’est sans compter le temps qu’ont mis nos amis et nos familles.»
Le résultat en aura valu la chandelle. Vous pouvez le constater vous-même sur Airbnb, où le couple loue la résidence. «Les gens qui voient le chalet pensent que ça nous a coûté une fortune. Mais c’était moins cher que d’acheter un condo trois et demi à Montréal !»
Et Jean-Daniel est catégorique : sans Google, rien de tout cela n’aurait été possible.

Ils apportent la drogue. Ils apportent la criminalité. Ils sont des violeurs

Photo : Christopher Gregory/Getty Images
Photo : Christopher Gregory/Getty Images
FouineurAux États-Unis, où vivent 11 millions de sans-papiers (pour la plupart latino-américains), l’immigration est devenue l’un des enjeux clés de la prochaine élection présidentielle américaine, prévue en 2016.
Les différents candidats ont jusqu’ici agi stratégiquement afin de gagner la sympathie de la population «latino», qui représente environ 12 % des électeurs – et 17 % de la population américaine, soit 54 millions de personnes. La candidate démocrate Hillary Rodham Clinton, notamment, a montré une ouverture certaine, parlant de régularisations massives de sans-papiers et d’un plan de naturalisation.
Donald Trump, lui, a marché sans sourciller sur ce dossier épineux lors de l’annonce de sa candidature aux primaires républicaines. Non content d’avoir proposé d’ériger un mur de 3 000 km le long de la frontière mexicaine (aux frais de Mexico), le magnat de l’immobilier a pimenté son discours de quelques propos outranciers.
«Les États-Unis sont devenus un dépotoir pour les problèmes des autres. Quand le Mexique nous envoie ses gens, il n’envoie pas ses meilleurs éléments. Il envoie ceux qui ont des tas de problèmes. Ils apportent la drogue. Ils apportent la criminalité. Ils sont des violeurs. Mais certains, je suppose, sont de bonnes personnes», a-t-il lâché.
Une tirade qui pourrait tout simplement barrer le chemin de la Maison-Blanche aux républicains.
En effet, dans le document qui lui a servi de post-mortem aux élections de 2012, le Grand Old Party (GOP) avait donné une ligne directrice afin de tendre la main à la communauté latino-américaine, qui leur avait fait défaut lors du scrutin (27 % des voix pour Mitt Romney, contre 71 % à Barack Obama).
«Si les Latino-Américains ont l’impression qu’un candidat du GOP ne veut pas d’eux aux États-Unis, ils ne nous écouteront plus parler, peut-on y lire. Peu importe ce que nous dirons sur l’éducation, l’emploi ou l’économie ; si les Latino-Américains pensent que nous ne voulons pas d’eux ici, ils feront la sourde oreille à nos politiques.»
Les déclarations de Donald Trump sont un pas de géant dans la mauvaise direction, à en croire ce document. Mais, dans une chronique publiée l’automne passé dans le New York Times, Nate Cohn a rappelé que le «vote hispanique ne peut à lui seul déterminer l’issue de la course présidentielle».
Les républicains peuvent même envisager de remporter l’élection présidentielle sans le vote latino-américain, dit-il. Mais il faudrait pour cela compenser par des percées ailleurs. Dans sa ligne de mire : les États blancs de l’Iowa, du Minnesota, de l’Oregon, du Wisconsin et du New Hampshire, qui ont souri à Barack Obama, en 2012.
«Faire des gains chez les Blancs du nord du pays est le cœur de la stratégie qui mènerait le GOP à la victoire, quels que soient les progrès effectués auprès des Latino-Américains», résume le journaliste.
Si Donald Trump a probablement marqué des points auprès d’électeurs placés à l’extrême droite de l’échiquier politique, ses déclarations font en tout cas prendre de gros risques aux républicains. Bien que les Latino-Américains soient concentrés de manière disproportionnée dans des États d’ores et déjà acquis aux démocrates (la Californie) ou aux républicains (le Texas), ils représentent tout de même plus de 5 % des électeurs dans trois États pouvant basculer d’un côté comme de l’autre : la Floride, le Nevada et le Colorado. Assez pour faire la différence.
L’intéressé, lui, n’a probablement pas amélioré son sort au sein du parti dont il brigue l’investiture.
En effet, selon un sondage du Washington Post, Donald Trump souffre d’un sérieux déficit d’image à l’intérieur du parti : 23 % des républicains ont une opinion favorable de lui, et 65 % en ont une défavorable, pour un résultat cumulé de -42. Face à ses concurrents, il ne fait tout simplement pas le poids.
Qu’elle paraît loin cette année 2011 où Donald Trump, alors candidat non-déclaré, était en tête des sondages des primaires républicaines, loin devant Mike Huckabee et Mitt Romney…



Changer de changement» selon les partis politiques

PolitiqueMardi, Justin Trudeau a annoncé une partie de son programme en vue de la prochaine élection. Et pour rentabiliser la location de la scène et des micros (c’est l’austérité pour tout le monde), il n’y est pas allé de main morte.
Parmi les choses qu’il a promises : une réforme électorale, un cabinet ministériel paritaire et le maintien de la livraison du courrier à domicile… et peut-être, aussi, de venir embrasser personnellement tous les bébés du Canada pendant la campagne. On ne sait pas, le document était trop long, et on n’a pas tout lu.
Tout ça contraste joyeusement avec les engagements des conservateurs, qui sont plutôt du type «chicaner les pas gentils» ou «les taxes, c’est pas bon». On apprécie.
Pour présenter ce programme qu’ils veulent inspirant, les stratèges du Parti libéral du Canada (PLC) n’avaient pas le choix de trouver une formule tout aussi inspirante — une formule qui fait une coupure avec le passé, un slogan qui frapperait l’imaginaire avec sa nouveauté.
Comme ils ne l’ont pas trouvé, ils y sont plutôt allés avec le slogan «Du vrai changement».
Ce n’est qu’un slogan, je sais, mais il m’a enlevé toute envie de m’intéresser au contenu derrière. Le changement vient d’arriver, dans son emballage de déjà-vu et de cliché. Youpidlidou.
«Les temps, ils sont a-changeants», chantait Bob Dylan, avant que Richard Séguin ne lui propose une meilleure traduction. Sauf qu’en politique, plus ça change, plus c’est pareil : plus ça change, plus on nous promet du changement.
De Jean Lesage («C’est le temps que ça change») à François Legault («C’est assez, faut que ça change») en passant par Mario Dumont («Pour un vrai changement»), Barack Obama («Change We Can Believe In») et la madame à la caisse de l’épicerie («Pourrais-tu me faire du change pour un cinq ?»), tout le monde parle de changement.
Mélanie Joly aussi promettait du «vrai changement pour Montréal», avant d’opter pour du «vrai changement pour Mélanie» en devenant plutôt aspirante candidate-vedette au PLC. Il serait facile de prétendre que c’est elle qui a inspiré le nouveau slogan du parti, mais il n’y a rien de moins inspiré que ce slogan.
Du vrai changement. Pas que du changement générique et factice : du VRAI changement. C’est important, le vrai changement, parce que c’est avec ça qu’on va pouvoir s’occuper des vraies affaires, qui touchent le vrai monde.
Le changement du NPD ? Ce n’est pas le vrai. C’est une marque générique de changement. C’est le Compliments du changement, le Choix du Président, alors qu’il n’y a même pas de président au Canada.
changement-NPD
Photo extraite de la page Facebook de Thomas Mulcair
Le Bloc québécois n’a pas encore annoncé son slogan, alors il n’est pas trop tard pour qu’il promette à lui aussi du changement. Afin de souligner le retour de Gilles Duceppe, pourquoi ne pas y aller avec : «Le changement est de retour» ? Ou alors, avec un jeu de mot mécanico-politique : «Faites un changement d’Gilles».
Mais moi, je rêve d’un vrai changement.
Je rêve d’un parti politique qui sait que le changement réel n’a pas besoin d’une campagne de marketing pour annoncer qui il est. Le changement arrive, il est différent, il a de nouvelles idées, il fait… changement. Et ça, c’est bien plus puissant qu’un slogan.

Les pièges de la gestion de l’offre

Photo: Tony C French/Getty Images
Photo: Tony C French/Getty Images
Blogue EconomieEn avril, le Canada est devenu le seul pays au monde qui maintient une politique de gestion de l’offre pour protéger ses producteurs laitiers lorsque l’Europe a aboli les quotas limitant la production de ses exploitants. Les quotas européens étaient en vigueur depuis 1984 et leur abolition suit la voie tracée par la Suisse en 2009 et l’Australie en 2000.
L’Institut économique de Montréal vient de produire une courte note sur les effets de cette politique fédérale qui fixe le prix du lait (un tel régime s’applique aussi aux poulets et aux oeufs) pour garantir des revenus adéquats aux producteurs agricoles. Le texte est cosigné par les économistes Youri Chassin et Mario Dumais, ce dernier ayant été directeur des publications à l’Union des producteurs agricoles (UPA) et à la Coop fédérée. Je précise parce que l’UPA et sa Fédération des producteurs agricoles sont les grands défenseurs et lobbyistes de ce programme. Cela s’explique du fait que le Québec accapare à lui seul 44 % des quotas canadiens.
La politique de gestion de l’offre est un mécanisme astucieux qui garantit les revenus des producteurs sans avoir recours aux programmes de subventions qui caractérisent l’agriculture mondiale. Elle impose plutôt des limites à la production de lait, ce qui prémunit les agriculteurs contre des fluctuations de prix causées par une situation de surproduction ou de pénurie. Ce faisant, elle maintient en vie de petites exploitations qui auraient du mal à s’imposer devant des joueurs mondiaux plus grands et plus efficaces et qui bénéficient de surcroît de conditions climatiques plus favorables.
Une telle politique n’est cependant pas sans conséquence et elle a de sérieux inconvénients. J’en énumère certains.
1. Les consommateurs paient plus cher, car c’est à eux qu’on refile l’addition. De plus, ces prix plus élevés affectent plus lourdement les plus démunis. Une étude de l’Université du Manitoba indique que cette politique coûte 554 dollars par année aux ménages les plus riches, soit 0,4 % de leurs revenus. Elle coûte 339 dollars par année aux ménages les plus pauvres, soit 2,29 % de leurs revenus.
Notons que les ménages canadiens ne peuvent y échapper en achetant du lait produit ailleurs. Des frais douaniers atteignant 200 % de la valeur des produits limitent les importations de produits laitiers et le Québec a de plus une politique de prix minimum du lait vendu en épicerie pour maintenir des prix plus élevés.
2. Les agriculteurs doivent posséder un permis — un quota — pour chaque litre de lait qu’ils vendent aux transformateurs. Ceux qui ont pu en acheter plusieurs à bon prix sont très avantagés parce que la valeur des permis s’est grandement appréciée au fil des ans. C’est néanmoins un problème pour les éventuels acquérants de leur exploitation parce qu’ils doivent payer ces droits très chers, en plus de devoir payer la ferme, l’équipement et les animaux. Les quotas sont pour eux un grand facteur d’endettement.
3. La production de lait est contingentée. Les grands transformateurs québécois comme Saputo et Agropur doivent s’établir ailleurs pour assurer leur croissance, car c’est dans d’autres pays qu’ils trouvent le lait dont ils ont besoin pour fournir les pays émergents qui importent de plus en plus de produits laitiers.
Prisonnier de sa politique, le Canada se coupe des marchés étrangers comme la Chine, où la demande est en forte hausse. C’est pour conquérir les nouveaux marchés que les pays européens ont libéralisés la production de lait.
4. La gestion de l’offre est un irritant pour nos partenaires commerciaux qui y voient une forme de protectionnisme. C’est l’un des grands enjeux des négociations pour l’Accord de partenariat transpacifique. Le Canada est obligé de faire des concessions aux tables de négociation pour protéger sa politique agricole, ce qui peut avoir des effets sur d’autres secteurs de l’économie.
La note de l’Institut économique de Montréal raconte comment l’Australie a pu mettre fin à la gestion de l’offre en 15 ans. Le gouvernement australien a racheté les quotas laitiers des agriculteurs, une mesure financée par une taxe temporaire de 11 cents sur le prix de détail de chaque litre de lait vendu entre 2000 et 2009. Le nombre d’exploitations a diminué de moitié, mais la production par ferme a augmenté de 71 %.
On mesure bien l’enjeu et la vision de deux conceptions de l’agriculture. D’un côté, il y a le maintien d’un marché protégé par des prix élevés pour préserver la petite exploitation. De l’autre, on trouve un modèle axé sur la productivité et le développement des marchés.
Les autres pays semblent avoir choisi leur camp.