Jean Doré en 1986. – Photo : Bill Grimshaw/La Presse Canadienne
L’annonce de sa mort, lundi, a amputé la «gang de fous» de son plus bel ambassadeur. Maire de Montréal de 1986 à 1994, Jean Doré a présidé à la reconstruction de Montréal, passée d’une ville portuaire et industrielle en déclin à une ville à l’échelle de ses résidants sous sa gouverne.
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Le RCM, un parti progressiste porté par la force de ses idées et de ses militants de tous les horizons politiques, a vu le jour en 1974, alors que Jean Drapeau régnait encore en autocrate sur une ville en perte de vitesse. Le RCM était aux années 1970 et 1980 ce que Projet Montréal est aujourd’hui : un véritable parti politique (et non une coalition spontanée fondée autour d’un chef) animé par des militants qui avaient à cœur de redonner la ville à ses citoyens.
Le RCM émerge alors que Montréal accuse une certaine fatigue. La ville perd son titre de capitale économique au profit de Toronto. En raison du déclin irrémédiable des activités portuaires et industrielles, le centre-ville est «truffé de terrains vacants, comme au lendemain d’un bombardement», écrit André Lavallée.
D’abord confiné au rang de parti d’opposition pendant trois cycles électoraux (1974, 1978 et 1982), le RCM fait une entrée fracassante à l’hôtel de ville en 1986. L’administration Doré innove en présentant une équipe de candidats hétéroclite (hommes, femmes, syndicalistes, hommes d’affaires, gens de gauche et de droite, anglophones, francophones, etc.). Le RCM jette les bases d’une nouvelle façon d’envisager la politique municipale. Elle deviendra l’affaire de tous les Montréalais.
L’élection de Jean Doré marque le début d’un long travail de modernisation et de démocratisation de la Ville de Montréal. Il nomme la première femme à la présidence du comité exécutif (Léa Cousineau), un geste symbolique qui annonce a fin de l’hégémonie masculine sur les affaires de la cité.
Les Montréalais doivent notamment à Jean Doré la naissance du quartier international, la revitalisation du Vieux-Montréal et de l’Île Sainte-Hélène, la création des bureaux Accès Montréal (une initiative de décentralisation), l’adoption d’un premier plan d’urbanisme, l’élaboration de politiques de mixité sociale dans les quartiers résidentiels, l’aménagement des premières pistes cyclables et des premières voies réservées aux autobus, la création d’un bureau de consultation publique (pour favoriser la participation citoyenne), la fermeture de l’ancienne carrière Miron, la création d’un service de la culture, etc.
En dépit des turbulences de la dernière décennie, alors que Montréal a traversé l’épreuve des fusions et des défusions, l’esprit des réformes mises de l’avant par l’administration Doré demeure vivant. Il a doté Montréal d’institutions démocratiques qui ont permis aux résidants d’avoir leur mot à dire dans le développement de la ville. Un héritage précieux, fragile, qu’il faudra préserver contre les tentations autocratiques qui sont indissociables de l’exercice du pouvoir.
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