vendredi 12 juin 2015

Twitter et Spotify : les grandes manœuvres du Web

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Photo : Wikimedia Commons
Deux entreprises phares de la nouvelle économie font face au plus grand défi de leur jeune existence. Twitter — le réseau social des courts textes de 140 caractères et moins — se cherche un président et une stratégie, et Spotify, le leader mondial de l’écoute continue de musique en ligne (streaming), a appris cette semaine que Apple veut lui ravir sa place.
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Le départ du président de Twitter, Dick Costolo, a été salué sur les marchés, mais il montre la fragilité de ce volatile du Web.
Personnellement, j’aime beaucoup Twitter, qui est devenu mon fil de presse personnel pour connaître ce qui se passe dans tous les domaines d’activité qui m’intéressent. Je m’en sers aussi pour faire la promotion de mes textes, car s’il avère très performant pour amener du trafic sur le site de L’actualité.
L’engouement des professionnels et des médias pour Twitter est peut-être aussi sa plus grande faiblesse. On n’annonce pas son mariage sur Twitter comme on pourrait être porté à la faire sur Facebook. Contrairement à Facebook, Twitter n’est pas l’endroit de choix pour partager les vidéos animaliers (pu capable de voir des lions jouer avec des humains ou des chats maternant des souris !), ou les couchers de soleil de votre destination vacances.
Contrairement à Linkedin, qui est davantage un réseau professionnel et d’affaires, Twitter n’est pas un outil où l’on se mettra en contact avec un client potentiel ou un fournisseur de services. Les gazouillis de Twitter sont efficaces et utiles, mais le potentiel de la plateforme n’est peut-être pas au niveau où on l’avait anticipé. L’appli est moins grand public que Facebook et moins ciblée que Linkedin.
Twitter compte aujourd’hui 302 millions d’utilisateurs. C’est beaucoup, mais ce n’est rien comparé à Facebook, qui en a 1,4 milliard. Plus inquiétant : la progression est plus lente, et les revenus publicitaires ne sont pas au niveau espéré. Alors que Facebook a engagé des revenus de 12,4 milliards de dollars américains en 2014, Twitter n’a réalisé que des ventes de 1,4 milliard. Facebook fait beaucoup d’argent (profits de 2,9 milliards), mais Twitter en perd encore.
Jack Dorsey, l’un des fondateurs, reprend les commandes de façon intérimaire. Il devra trouver le bon président ou la bonne présidente, qui saura comment faire reprendre son envol à Twitter et soutirer davantage de revenus publicitaires de la plateforme. Twitter doit trouver son nid. Vaste mandat.
Le défi est tout aussi gigantesque chez Spotify, qui, lui, doit garder sa place.
Tout allait merveilleusement bien pour l’entreprise suédoise jusqu’à lundi dernier. Le modèle d’affaires mis au point par l’entreprise fonctionne bien. Au lieu d’acheter en ligne une pièce musicale, on préfère maintenant la louer. Il y a eu moins de téléchargements de musique sur iTunes en 2014, et le streaming (écoute continue) est en forte hausse depuis 2010. Le site spécialisé MusicWatch croit même que le chiffre d’affaires du streaming va supplanter celui du téléchargement dès 2016.
Le roi du téléchargement, vous le connaissez, c’est Apple et son iTunes. Elle n’a manifestement pas l’intention de se faire dévorer tout rond et elle a annoncé, lundi dernier, le lancement prochain de Apple Music, une application payante de musique en ligne qui entrera directement en collision avec Spotify.
Spotify est en pleine progression. On dénombre 55 millions d’usagers sur sa plateforme gratuite avec publicité et 20 millions d’abonnés payants sur son offre supérieure. C’est la logique du Freemium. On appâte les gens avec une application gratuite limitée pour les convertir ultérieurement à un service de meilleure qualité, mais payant.
Face aux 75 millions d’usagers de Spotify, Apple compte sur un réservoir de 800 millions de clients, toutes plateformes et produits confondus — clients dont elle détient déjà le numéro de carte de crédit.
L’entreprise suédoise était peu fière d’annoncer cette semaine qu’elle a trouvé un financement supplémentaire de 526 millions de dollars pour protéger son marché.
Apple dispose d’un trésor de guerre de 200 milliards de dollars, et elle ne comptera pas la dépense pour implanter son service Apple Music.
Comment Spotify va-t-elle se défendre contre une telle puissance de feu ? La prochaine année sera pour elle tumultueuse et peut-être décisive.
Comme on le voit, l’économie du Web n’est pas de tout repos, et les évaluations boursières spectaculaires d’un jour peuvent disparaître comme un gazouillis au milieu de la tempête.

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